Second souffle pour Arianne Phosphate

Détentrice de toutes les autorisations gouvernementales pour son projet d’exploitation de phosphate au Lac à Paul depuis 2015, la direction de la société minière Arianne Phosphate est toujours à la recherche d’un investisseur ou de partenaires pour le financement de son projet. Toutefois, la direction voit poindre à l’horizon une embellie qui pourrait être favorable à la concrétisation des investissements de 1,5 G$ nécessaires, selon la plus récente évaluation dévoilée la semaine dernière.

En entrevue, Raphaël Gaudreault, directeur de projet chez Arianne Phosphate, affirme que les prix sur marché ont été dans un cycle baissier entre 2012 et 2019, une période qui a été défavorable aux nouveaux investissements. Les exploitants miniers ont préféré continuer à exploiter les gisements déjà actifs plutôt que de risquer du capital dans des projets au rendement incertains.

Or, le contexte du marché du phosphate a changé, selon lui, depuis l’avènement de la pandémie et le déclenchement de la guerre en Ukraine. « L’offre s’est resserrée. La guerre en Ukraine a fait exploser les prix des engrais aux environs de 300 $ US la tonne. En 2013, lors du dévoilement de l’étude de faisabilité, on estimait que le projet serait rentable au prix de 213 $ US la tonne à l’époque ou le dollar canadien était à 1,05 $ CAD ». La baisse du dollar canadien fait dire à M. Gaudreault que le contexte économique pour le marché du phosphate n’a jamais été meilleur depuis l’obtention des permis.

Outre la production d’engrais à des fins agricoles qui représente 85 % des débouchés au niveau mondial et qui augmente de 3 à 4 millions de tonnes annuellement en raison de la croissance démographique, Arianne Phosphate voit poindre des débouchés du côté du développement du marché des batteries lithium-fer-phosphate.

« Avec l’annonce d’une usine de production de batteries par Volkswagen et Ford au nord des États-Unis, il y aura des besoins supplémentaires. Les fabricants de batteries ont besoin d’une chaîne d’approvisionnement la plus locale possible ».

C’est ce qui explique qu’Arianne Phosphate a déployé des efforts de recherche et développement pour démontrer l’utilisation possible du concentré de phosphate du Lac à Paul pour la production d’acide phosphorique nécessaire pour la production de batteries. La minière junior ne cherche pas à vendre ce produit, mais elle a pu démontrer qu’elle peut être un fournisseur, explique M. Gaudreault.

Ce dernier affirme que la direction d’Arianne Phosphate discute actuellement avec des investisseurs potentiels qui oeuvrent dans les industries de production de fertilisants, des fabricants d’automobiles et de composantes de batteries depuis quelques mois. En ce qui a trait au degré d’avancement des discussions, il a préféré conserver le silence.

Au cours des derniers jours, Arianne Phosphate a procédé à la publication de la dernière mise à jour des coûts de construction du projet que s’établit à 1,555 G$, comparativement à 1,2 G$ en 2013. Au plan financier, M. Gaudreault assure que l’entreprise est en mesure de poursuivre ses activités de recherche et développement puisqu’elle vient de revendre des royautés pour une valeur de 2,3 M$. La direction travaille également auprès du gouvernement fédéral afin d’ajouter le lithium sur la liste des minéraux critiques et stratégiques.

Depuis novembre 2022, le conseil d’administration de l’entreprise compte un nouveau membre avec la nomination de Raef Sully, qui agira à titre de conseiller stratégique. M. Sully a oeuvré pendant une dizaine d’années chez Nutrien ltd (autrefois Potash corp) à titre de président des divisions azote et phosphate.

Rappelons que le projet d’Arianne Phosphate prévoit la construction d’une ligne hydroélectrique reliant les installations à la centrale de Chute des passes, l’aménagement d’un chemin de transport du minerai jusqu’à Saint-Fulgence, ainsi qu’un terminal maritime sur la rive nord du Saguenay.

Source : L'article est paru sur le site du journal Le Quotidien le 6 avril 2023. Vous pouvez retrouver l'article ici.