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Rythmes du Monde: départ réussi avec Sara Dufour et Salebarbes - Chambre de commerce et d'industrie Saguenay-Le Fjord

Rythmes du Monde: départ réussi avec Sara Dufour et Salebarbes

Un jour avant le début du Festival international des Rythmes du Monde, cette soirée tenue samedi, sur la zone portuaire de Chicoutimi, avait deux prises contre elle. On annonçait du mauvais temps et le groupe qui devait ouvrir pour Salebarbes, Rockin’ Dopsie Jr. and The Zydeco Twisters, a déclaré forfait pour cause de vol annulé. Or, la pluie s’est gardée une petite gêne, tandis que Sara Dufour a accepté de venir chanter, faisant de ce rendez-vous un succès.

Avant même que la première note résonne, en effet, on sentait que cette affiche festive allait cartonner. Ça circulait bien sur le site, mais déjà, il y avait beaucoup de monde et pour une fois, tous les groupes d’âge étaient représentés. Il aura suffi que l’artiste originaire de Dolbeau-Mistassini joue de l’harmonica en mode country folk, appuyée par la guitare et les claviers, pour que la pièce Chez Té Mille fasse l’unanimité parmi les spectateurs.

«Je suis partie de Sainte-Perpétue, ce matin, pour remplacer Rockin’ Dopsie. Leur musique est vraiment bonne, mais ce n’est pas ce soir que vous allez l’entendre», a lancé Sara Dufour avec son entrain coutumier. On aurait compris qu’elle soit fatiguée, après avoir fait le sacrifice d’une journée de congé. Or, pendant un peu plus d’une heure, cette pile atomique sur deux jambes a donné tout son sens à l’une de ses compositions, Sans rancune Buddé.

«J’ai pas besoin d’un gros chiâleux qui a peur dans le noir», assène la jeune femme à un homme trop timoré à son goût. Livrée au pas de charge, sur des arrangements country rock, cette pièce a préparé le terrain pour Chic-Chocs, où elle exprime le bonheur que lui procurent ses excursions en motoneige hors-piste dans ce secteur où la neige est particulièrement abondante.

Là encore, la musique reflétait le propos, avec la batterie évoquant la notion de danger, pendant que le violoniste se fendait d’un solo énergique, frôlant le point de saturation. Autre réussite, l’interprétation de J’t’écoeurée a permis à la foule de scander le titre avec l’artiste, qui lui a vendu l’idée que ça coûtait moins cher qu’une visite chez le psy. Ajoutons que le beat rock, un peu Stones, un peu Offenbach, faisait plaisir à entendre.

«D’ici à la sortie de mon prochain album en novembre, c’est mon dernier spectacle au Saguenay-Lac-Saint-Jean», a souligné Sara Dufour, qui a fermé les livres avec la chanson qui constitue aussi le thème de sa tournée estivale: Ciao Bye. Si, au début, on percevait un fond de mélancolie dans le phrasé, il a été dissipé par les «Oh! Oh!» de la Jeannoise, auxquels ont répondu ceux provenant de l’assistance. Une charmante finale, toute en complicité, en attendant l’arrivée de Salebarbes.

L’effet Salebarbes

Ça faisait cinq ans que le festival voulait recruter le quintette et cet été, enfin, les agendas ont concordé. Pour comprendre ce qui justifiait cette persistance, il a suffi d’entendre Gin à l’eau salée, le deuxième titre au programme. Les harmonies vocales à cinq, puissantes, tout en produisant un effet d’écho, ont ajouté au tourbillon sonore créé par le violon et la guitare électrique. Impossible de ne pas se laisser emporter par cette tempête de notes.

La mise en scène très dynamique fait aussi partie des atouts de Salebarbes. Pendant 90 minutes, on voit les membres de la formation changer fréquemment d’instrument (personne n’en joue qu’un seul), se déployer différemment au gré des arrangements, en plus d’alterner à la position de chanteur soliste. Ce qui ne varie guère, cependant, c’est leur engagement envers la musique cajun.

Elle fait partie intégrante de leur univers, comme l’a illustré Les haricots. Puisqu’il s’agit d’une chanson à répondre, les spectateurs ne se sont pas fait prier pour apporter leur contribution, à l’invitation du violoniste George Belliveau. Celui-ci a ajouté la touche louisianaise en compagnie d’Éloi Painchaud, qui a troqué la guitare et l’harmonica pour l’alto, tandis que Jean-François Beau (guitare) et Kevin McIntyre (basse) chatouillaient leurs cordes en exécutant une chorégraphie savoureusement rétro.

Les gars ont affiché la même ingéniosité dans C’est la vie, cette fois en injectant une forte dose de rock’n roll à un air cajun. C’est à peine si on reconnaissait le classique de Chuck Berry, You Never Can Tell, tandis que sur Bosco Stomp, l’esprit de Robert Charlebois était bien présent dans la version rock de Salebarbes (lui-même avait baptisé la sienne Cajun Stripper, dans les années 1970). Il était temps qu’on fasse écho aux fréquentations de Garou avec la musique cajun.

Et puisqu’il faisait encore beau à la fin du spectacle, le groupe a invité la foule à bouger sur l’air d’Allons danser. Le rythme était soutenu et la réponse fut à l’avenant, sur fond d’harmonica torturé. Deux rappels ont suivi, puis les spectateurs se sont dispersés tranquillement, heureux d’avoir échappé à la pluie et surtout, de s’être laissés porter par l’énergie de Sara Dufour et Salebarbes. Ça leur fera des réserves, en prévision de l’automne.

Source : L'article est paru sur le site du journal Le Quotidien le 6 août 2023. Vous pouvez retrouver l'article ici.