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Le Cégep de Jonquière, pionnier dans la recherche et l’innovation depuis 40 ans - Chambre de commerce et d'industrie Saguenay-Le Fjord

Le Cégep de Jonquière, pionnier dans la recherche et l’innovation depuis 40 ans

La recherche et l’innovation au Cégep de Jonquière, c’est quarante années d’expertise, 225 projets actifs, et de nombreux autres à venir, une cinquantaine d’employés dédiés à ce domaine et tout autant d’étudiants impliqués. L’établissement a été l’un des premiers au Québec à s’investir dans la recherche en 1982, et continue, encore aujourd’hui, d’établir son leadership grâce à ses différents centres de recherche.

Le brunch-bénéfice de la Fondation Asselin du Cégep de Jonquière, qui aura lieu dimanche, marquera le coup d’envoi d’une année d’activités pour célébrer ce 40e anniversaire. Pour l’occasion, Michel Perron et Suzanne Veillette, deux chercheurs en sociologie retraités et fondateurs du centre ÉCOBES, viendront donner une conférence pour retracer la genèse de la recherche au Cégep et parler de leurs travaux.

D’autres activités suivront, notamment la venue du scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, qui viendra visiter l’établissement, la remise d’une nouvelle bourse à un étudiant-chercheur, ainsi que la tenue des demi-journées Mémoire vive qui mettent en lumière des chercheures et chercheurs.

« On trouvait important de souligner ce rôle pionnier du Cégep de Jonquière, parce que c’est l’un des premiers à avoir une structure aussi forte en matière de recherche », a mentionné au cours d’une entrevue le directeur général, Sylvain Gaudreault.

1982, l’année charnière

C’est entre 1982 et 1984 que la recherche au Cégep de Jonquière commence à vraiment se structurer. « Il y en avait un peu avant, mais c’était plus sur la base d’une initiative individuelle », a laissé entendre Sylvain Gaudreault.

L’année 1982 voit l’émergence de ce qui deviendra plus tard le Centre d’Étude des COnditions de vie et des BESoins de la population (ÉCOBES) qui est l’un des deux centres collégiaux de transfert technologique (CCTT) du Cégep de Jonquière. Ce pôle de recherche va s’intéresser aux enjeux sociaux et a pour mandat d’arriver avec des propositions et des projets qui pourront s’appliquer dans la communauté.

Les premières recherches, menées par Michel Perron et Suzanne Veillette, ont permis la création du Conseil régional en prévention à l’abandon scolaire (CRÉPAS), qui s’est multiplié à l’échelle de la province sous diverses appellations. Outre les recherches sur la persévérance scolaire, le parcours de vie des jeunes, leur réussite éducative, leurs conditions de vie, leur santé mentale, etc. font aussi partie des sujets d’intérêts pour les chercheurs d’ÉCOBES.

« ÉCOBES a aussi beaucoup travaillé sur le sommeil des étudiants diagnostiqués TDAH et à quel point les difficultés de sommeil peuvent avoir un impact sur la concentration, la réussite scolaire et l’anxiété », d’ajouter Mercedes Aubin, la directrice adjointe à la direction des études et responsable du Bureau de la recherche et de l’innovation (BRI). Une conférence sur ce sujet a d’ailleurs eu lieu il y a quelques semaines au Brésil.

En 1984, c’est le Centre de production automatisé (CPA) qui voit le jour, un CCTT qui vise à automatiser une production qui se fait manuellement ou avec de la main-d’œuvre. Une patinoire pédagogique a d’ailleurs été créée en avril dernier, en collaboration avec des étudiants en Génie du bâtiment pour leur apprendre la gestion du chauffage, de la climatisation dans un aréna, etc.

C’est un peu comment on peut développer de la machinerie pour automatiser une production. Dans un contexte de pénurie de main d’oeuvre, l’automatisation devient encore plus pertinente et importante

—  Sylvain Gaudreault, directeur général du Cégep de Jonquière

Une expertise dans plusieurs domaines

Le Centre des technologies des énergies renouvelables et du rendement énergétique (TERRE) est un pôle de recherche important, surtout dans un contexte où les changements climatiques deviennent un enjeu plus que majeur, et vise la mise en place d’infrastructures en énergie renouvelable et en efficacité énergétique. Un nouveau laboratoire sera d’ailleurs construit sur la rue Panet, pour lequel une subvention de 17 M$ a été accordée par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. Les travaux devraient prendre fin en 2026.

Le chercheur principal du centre TERRE, Martin Bourbonnais, travaille en ce moment sur les milieux isolés, comme les Îles-de-la-Madeleine ou les petits villages du Nunavik, qui utilisent beaucoup d’énergies fossiles comme le mazout. « Il cherche à voir comment on peut convertir ces lieux à l’énergie renouvelable », indique l’ancien député de Jonquière.

Le Cégep de Jonquière compte aussi beaucoup d’enseignants chercheurs qui ont bénéficié d’un temps libéré de l’enseignement pour mener à bien leurs travaux, que ce soit sur l’analyse de texte de la chanson québécoise, l’histoire du Cégep depuis sa création ou encore, sur la mobilité étudiante et la mobilité inclusive pour les personnes en situation de handicap.

Et pour permettre à tous ces chercheurs de partager les résultats de leurs recherches à la population, l’établissement d’enseignement a mis en place, en avril dernier, le Laboratoire d’innovation en communication scientifique (LICS), en collaboration avec des étudiants de l’École supérieure en art et technologie des médias.

« Une fois qu’on a les résultats, il ne faut pas que ça demeure dans une bulle, il faut être capable de les diffuser », précise Sylvain Gaudreault.

Le LICS va accompagner les chercheurs des cégeps et des universités à présenter leurs données pour les rendre accessibles à la population. Ça va permettre de mobiliser et de transférer les connaissances.

—  Mercedes Aubin, directrice adjointe à la direction des études et responsable du Bureau de la recherche et de l’innovation (BRI)

Gros projets à venir

Après quarante années à développer la recherche et l’innovation, la direction ne voulait pas s’arrêter en si bon chemin et prévoit encore beaucoup de projets. L’un d’eux, et le plus important aux yeux du directeur général, c’est la création d’une Commission de la recherche, un peu à l’image de la Commission des études.

« C’est quelque chose qui va mobiliser et conseiller le Cégep en matière de recherche, qui va travailler pour une cohérence. On va être le premier cégep à avoir ça au monde... parce que c’est le premier au Québec, et il y a juste au Québec qu’il y a des cégeps, donc on sera le premier au monde à avoir une commission de recherche », a laissé entendre Sylvain Gaudreault.

Autre gros projet à venir, c’est la collaboration entre le Cégep et l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), qui va créer une branche ruralité à Charlevoix. Là encore, il s’agira d’une grande première dans l’enseignement collégial.

On ne peut pas encore dire la forme que cette collaboration prendra. Il reste quelques fils organisationnels à rattacher, mais ça va très bien, les gens de l’INRS sont hyper enthousiastes et collaborateurs, et nous aussi, évidemment.

—  Sylvain Gaudreault

Mais pour celui qui a été nommé à la tête de la direction du Cégep de Jonquière il y a un an maintenant, la plus belle preuve de réussite qu’il peut recevoir, c’est les témoignages d’étudiants qui ne pensaient pas qu’il était possible de faire carrière dans la recherche.

« En arrivant au Cégep et en étant recrutés dans un groupe de recherche, ils ont constaté qu’ils peuvent faire carrière comme chercheur, et c’est le plus beau témoignage qu’on puisse recevoir, parce que ça vient directement dans notre mission pédagogique », conclut-il.

Source : L'article est paru sur le site du journal Le Quotidien le 3 novrembre 2023. Vous pouvez retrouver l'article ici.