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L’ADN des animaux du Zoo de Saint-Félicien aidera à protéger la biodiversité - Chambre de commerce et d'industrie Saguenay-Le Fjord

L’ADN des animaux du Zoo de Saint-Félicien aidera à protéger la biodiversité

Plusieurs échantillons provenant des animaux du Zoo sauvage de Saint-Félicien permettront d’améliorer la banque de données du projet iTrackDNA, un projet de recherche sur l’ADN environnemental mené par la chercheuse l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), Valérie Langlois, une native de Roberval.

En se promenant dans leur écosystème, tous les animaux laissent des traces par ci et par là. Ces traces, sous la forme de salive ou de poils par exemple, contiennent de l’ADN.

Et il suffit d’une infime quantité pour que l’on puisse déceler la présence d’un animal dans un environnement, explique Valérie Langlois.

« À terme, ce projet permettra de faire le suivi de la migration des espèces avec les changements climatiques, explique-t-elle. Par exemple, on pourra suivre les pathogènes nuisibles, comme le ver des méninges, qui est présent chez le chevreuil, mais qui ne l’affecte pas. Si les chevreuils infectés migrent vers le nord et viennent en contact avec des orignaux, ces derniers vont mourir, ce qui pourrait avoir un impact important sur les populations qui en dépendent, comme les Premières nations », dit-elle, en précisant que plusieurs communautés autochtones participent au projet. Les données recueillies permettront de faire des prédictions et d’agir pour limiter les dégâts.

C’est aussi l’analyse de l’ADN environnemental qui avait permis au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs de détecter la présence de carpes asiatiques dans le fleuve Saint-Laurent, avant même qu’un premier spécimen soit observé. « Ça permet de repérer les espèces invasives plus rapidement », explique la native de Roberval.

L’ADN environnemental permet aussi de déceler la présence d’espèces rares dans un écosystème et de sonner l’alarme si un projet de développement y est prévu.

« Ce n’est pas une nouvelle science en soi, mais le projet propose une façon de faire plus rigoureuse », explique la chercheuse, qui, avec son équipe, refera le séquençage du génome de la mitochondrie (la batterie énergétique des cellules) de chaque espèce d’intérêt.

Un partenaire de rêve

C’est dans le cadre de ce travail que la collaboration avec le Zoo sauvage de Saint-Félicien prend tout son sens. « On a déjà des milliers d’échantillons, mais il nous en manquait encore plusieurs comme l’ours polaire, le carcajou et le cougar », note Valérie Langlois, qui a pensé à l’établissement pour compléter la banque d’ADN. En tout et partout, ce sont près de 50 espèces du zoo qui seront échantillonnées.

Les échantillons permettront de faire des trousses de recherche des espèces dans les écosystèmes. Des tests terrain seront aussi faits dans les habitats du zoo sauvage pour valider les techniques sur le terrain. Par exemple, un échantillon d’eau du bassin de l’ours polaire permettra de valider sa présence.

« C’est vraiment intéressant de participer à un projet comme celui-là, commente Loraine Gagnon, directrice générale du Zoo sauvage. Ça fait partie de notre rôle de conservation de la biodiversité. »

Joanie Boudreault, la directrice des soins animaliers, est enchantée à l’idée de participer à un tel projet. « C’est valorisant pour toute l’équipe », lance-t-elle. Les prélèvements de caribous forestiers ont déjà été réalisés et ceux de l’ours polaire devraient suivre sous peu. Si une anesthésie est nécessaire pour un animal, l’équipe du zoo en profite pour faire les prélèvements à ce moment, sinon elle utilise des techniques non invasives grâce à des entraînements biomédicaux.

Le projet de recherche ItrackDNA, d’une durée de 4 ans et doté d’une enveloppe de plus de 12 millions de dollars, a commencé il y a un an, en partenariat avec Génome Québec, Génome Canada et Genome BC. « Ce projet permettra de définir les premières normes d’analyse de l’ADN environnemental, précise Valérie Langlois. C’est une première mondiale et on doit bien le faire ».

Source : L'article est paru sur le site du journal Le Quotidien le 8 décembre 2022. Vous pouvez retrouver l'article ici.