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Hôtel Chicoutimi: 125 ans d’histoire et d’anecdotes en tout genre - Chambre de commerce et d'industrie Saguenay-Le Fjord

Hôtel Chicoutimi: 125 ans d’histoire et d’anecdotes en tout genre

S’ils pouvaient parler, les murs de l’Hôtel Chicoutimi auraient beaucoup d’anecdotes à raconter. C’est qu’en 125 ans d’histoire, le plus vieil établissement hôtelier du Saguenay–Lac-Saint-Jean a vu passer des millions de visiteurs venus du monde entier, vécu de nombreux moments de liesse, mais des drames aussi, et a changé plusieurs fois de visage au fil du temps qui passe.

L’établissement fait partie du paysage chicoutimien depuis 1899. Joseph Néron, le premier propriétaire, voulait construire un nouveau complexe hôtelier pour profiter de la prospérité industrielle et de l’essor de la vie touristique dont jouissait Chicoutimi à l’époque. Un siècle et quart plus tard, la réputation de l’hôtel n’est plus à faire, ni sa capacité d’adaptation face aux difficultés.

L’hôtel qui a eu mille visages

Au fil des ans, il a existé plusieurs versions de l’hôtel. La première est passée au feu en 1912, au petit matin de la Saint-Jean-Baptiste. Le brasier s’est déclenché entre les murs du Château Saguenay, avant de gagner les bâtiments environnants et de se propager de l’autre côté de la rue Racine, où siégeait fièrement l’Hôtel Chicoutimi.

On estime que près de 104 maisons ont été détruites, jetant ainsi sur le pavé 168 familles, soit près de 830 personnes. Les dommages sont estimés à deux millions de dollars. Les dégâts sont considérables et plusieurs édifices ne seront jamais reconstruits. Mais ce n’est pas le cas de l’Hôtel Chicoutimi, qui a pu renaître de ses cendres, avec une version 2.0, plus grande et plus forte de six étages.

Libéré de la concurrence du Château Saguenay, l’établissement prospère et devient une véritable institution. Plusieurs phases d’agrandissement seront par la suite réalisées pour créer l’hôtel qu’on connait aujourd’hui.

Pour les plus attentifs, il est d’ailleurs possible d’observer cette évolution, la partie la plus ancienne, correspondant à l’arrière de l’hôtel, du côté du restaurant, étant faite en bois et la plus récente, qui comprend le hall d’entrée, en acier. Entre-temps, une autre phase d’agrandissement a permis de créer une partie en béton.

«Ça vient suivre les époques», de mentionner le propriétaire depuis les trente dernières années, Éric Larouche.

Aujourd’hui, l’Hôtel Chicoutimi compte une centaine de chambres pour une centaine d’employés, dépendamment des saisons. Depuis septembre 2023, l’établissement tente de se renouveler, notamment grâce au concept Hyvi, qui permet de valoriser les espaces à 100 % grâce à des lits escamotables. La nuit, les chambres servent donc aux clients qui souhaitent rester dormir, et le jour, elles peuvent se transformer en espaces de travail complètement modulables.

Lors de la 20e édition du Gala des Dubuc, le propriétaire a laissé entendre que ce concept innovant pourrait bientôt être exporté à l’extérieur de la région.

Des anecdotes à foison

L’Hôtel Chicoutimi renferme bien des anecdotes, mais l’une des plus cocasses reste celle de son acquisition par Éric Larouche. L’homme d’affaires aurait bien aimé reprendre l’entreprise de son père, mais ce dernier n’était pas décidé à lui vendre et avait gelé les actions.

C’est en discutant avec un ami autour d’une bière et en lui expliquant qu’il voulait reprendre une affaire que l’idée d’acquérir l’hôtel a germé dans son esprit.

«Au début, je lui ai dit que je n’étais pas intéressé par le milieu de l’hôtellerie, sauf par l’Hôtel Chicoutimi», raconte-t-il. Son intérêt n’était pas étranger à ce qu’il avait vécu avec cet hôtel, lui qui s’est fait bannir à vie de l’établissement parce qu’il avait un peu trop profité de la soirée de mariage de son frère.

«J’avais pris une suite à l’hôtel et on a eu une soirée occupée, confie-t-il, le regard malicieux. Je me suis fait mettre dehors, et interdit à vie de rentrer dans l’établissement.»

C’est donc en 1994 qu’Éric Larouche achète l’institution, comme une revanche. «Le propriétaire, M. Girard, qui m’avait mis à la porte se souvenait encore de moi», se rappelle-t-il en riant.

Des anecdotes amusantes de ce genre, l’hôtel en recèle plein. Éric Larouche se souvient d’une histoire de somnambule qui s’était trompé de chambre et s’était couché dans le lit aux côtés d’une autre personne, créant un véritable malaise au réveil. Heureusement, tout s’est bien terminé et les esprits échaudés se sont calmés quand l’explication a été donnée.

C’est l’anecdote la plus loufoque de ma carrière, je crois. On a aussi eu un client qui s’était enfermé dehors alors qu’il était tout nu. Tout ce que tu penses qu’il arrive à l’hôtel dans les films, ça arrive vraiment.

—  Éric Larouche

Il y a aussi eu des histoires touchantes, comme ce couple qui s’était marié à l’Hôtel et qui est revenu le visiter des années après. «L’homme était en chaise roulante. C’est ici que leur vie commune a commencé, et c’était une façon pour eux de boucler la boucle», indique le propriétaire. L’établissement a été l’hôte de nombreux mariages et congrès.

L’association des distributeurs d’énergie du Québec se souviendra encore longtemps du congrès qu’elle avait organisé et pour lequel Éric Larouche avait mis les petits plats dans les grands en apportant une tarte aux bleuets géante et en faisant appel à une fanfare.

Mais l’hôtel a également été le théâtre de drames. Les plus anciens se souviendront certainement de Ricardo, l’Homme-Mouche, qui, le 30 septembre 1936, a décidé de gravir à mains nues et presque sans équipement les six étages de l’hôtel. Il était reconnu comme étant un véritable casse-cou et multipliait les tours d’équilibre et d’acrobatie.

Mais ce jour-là, alors que la pluie est de la partie et que 2000 spectateurs sont venus voir sa performance, il ne parvient pas à attraper la corde qui l’aurait mené au sommet du toit et tombe de 70 pieds, après avoir heurté violemment la galerie de l’hôtel. Il décèdera une heure plus tard des suites de sa chute.

Avec ses récentes rénovations, le plus vieil hôtel de la région est reparti pour briller pendant un autre siècle encore.

«On parle de millions de visiteurs en 125 ans, mais aussi de richesse humaine, à travers les employés. Beaucoup de monde qui ont travaillé ici sont revenus me voir et m’ont dit que c’était ici qu’ils avaient appris leurs fondements de qui ils sont aujourd’hui, la politesse, le sourire, l’accueil, le service. Je trouve toujours ça fun de voir les jeunes qui sont venus chez nous et de voir comment ils évoluent et deviennent des êtres humains exceptionnels», de conclure Éric Larouche.

L’Hôtel Chicoutimi s’est d’ailleurs distingué lors de la 20e édition du Gala des Dubuc en remportant le Dubuc de la meilleure entreprise de l’année, ainsi qu’un autre dans la catégorie Tourisme et événement, une belle façon de souligner ce 125e anniversaire.

Source : L'article est paru sur le site du journal le Quotidien le 5 mai 2024. Vous pouvez retrouver l'article ici.