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Filière batterie : la minière Arianne Phosphate veut se doter d’une usine à Saguenay - Chambre de commerce et d'industrie Saguenay-Le Fjord

Filière batterie : la minière Arianne Phosphate veut se doter d’une usine à Saguenay

Arianne Phosphate prévoit construire une usine d’acide phosphorique purifié dans la zone industrialo-portuaire de Saguenay. La société d’exploration minière entame une étude de préfaisabilité du projet.

L’acide phosphorique purifié est utilisé pour fabriquer des batteries lithium-fer-phosphate (LFP), dont la demande est en hausse en raison du développement rapide de l’industrie automobile électrique dans le cadre de la réduction des gaz à effet de serre.

«C’est la croissance qui est prévue dans le marché de la batterie, les besoins qui vont s’en venir qui nous amènent à vouloir regarder cette option-là pour la compagnie», explique Raphaël Gaudreault, chef des opérations chez Arianne Phosphate.

L’organisation aimerait produire 350 000 tonnes d’acide phosphorique purifié par année, ce qui en ferait le plus grand producteur après la Chine, précise-t-elle.

Cette production serait destinée aux marchés québécois, américain et européen.

Les nouvelles installations industrielles permettraient également de produire de l'acide phosphorique secondaire destiné à la fabrication d’engrais et d’aliments pour animaux.

Bien que les résultats de l’étude de préfaisabilité soient attendus au printemps, il ne faut pas s’attendre à ce qu’un seul gramme d’acide phosphorique purifié circule sur les routes du Saguenay-Lac-Saint-Jean l’an prochain. «Rien ne serait en production avant 2028», indique Raphaël Gaudreault.

De la mine à l’usine

Arianne Phosphate souhaite obtenir ces quantités importantes d’acide phosphorique purifié en transformant l'apatite du gisement Lac à Paul, à 200 kilomètres au nord de la ville de Saguenay.

Depuis plusieurs années, l’entreprise embrasse un projet de mine à cet endroit, qui visait en premier lieu à produire du phosphate, surtout utilisé dans la fabrication de fertilisants. Il y a eu, en 2015, un décret environnemental de Québec en ce sens. La construction se fait toujours attendre.

«Bonne nouvelle»

Carl Laberge, président-directeur général de l’administration portuaire de Saguenay, accueille positivement la nouvelle. «Les derniers développements sont très intéressants et représentent une très bonne nouvelle. Ils démontrent que le projet d’Arianne Phosphate continue à progresser et à se définir», a-t-il indiqué dans une déclaration écrite.

«De plus, ce projet s’inscrirait directement dans la filière batterie en cours d’implantation au Québec et en Amérique du Nord, pour laquelle le Port de Saguenay et sa zone industrialo-portuaire sont particulièrement bien positionnés et disposent des atouts et des caractéristiques», a-t-il poursuivi.

Quant à lui, le député bloquiste de Jonquière, Mario Simard, se réjouit de l'intention d'Arianne Phosphate de construire une première usine d'acide phosphorique dans la zone portuaire de Saguenay.

Il avance toutefois que le financement demeure la clef de l'aboutissement d'un tel projet. C'est pourquoi l’élu entend poursuivre ses représentations entreprises en 2022, pour que le gouvernement Trudeau inscrive l'apatite dans la liste des minéraux critiques.

«Ce qu’on nous avait dit initialement, c’est que la liste des minéraux critiques devait ouvrir en 2023, ça n’a pas été le cas. On nous assure que ce sera le cas en 2024. Maintenant, il faut savoir que le phosphate répond à tous les critères», a indiqué Mario Simard.

Le député conservateur de Chicoutimi-Le-Fjord, Richard Martel, plaide lui aussi pour cet ajout.

Le 24 janvier, Québec a inscrit l’apatite sur la liste provinciale des minéraux critiques et stratégiques.

Plusieurs options sur la table

Historiquement, la minière envisageait de construire un terminal maritime sur la rive nord du Saguenay entre Saint-Fulgence et Sainte-Rose-du-Nord. Il était alors expliqué que le projet ne serait pas viable économiquement sans ce quai.

Avec la nouvelle orientation de l'entreprise, toutes les options sont sur la table pour transporter l'apatite à l'usine, que ce soit par camion ou avec le quai pour la transporter par bateau.

«C'est ce qu'on vise à aller chercher comme information avec l'étude, entre autres identifier les moyens technico-économiques qui vont être capables d'amener le matériel vers la rive sud, en respectant l'acceptabilité sociale et l'environnement. [...] En fait, l'étude va nous permettre d'aller chercher des réponses justement sur les divers scénarios qui sont possibles, puis par la suite on verra à prendre une décision éclairée», a dit à ce sujet Raphaël Gaudreault.

Le projet de terminal maritime avait reçu son autorisation environnementale fédérale en 2018.

Avec des informations de Michel Gaudreau

Source : L'article est paru sur le site du journal ICI Saguenay–Lac-Saint-Jean le 30 janvier 2024. Vous pouvez retrouver l'article ici.